Quelle est l’activité habituelle de votre entreprise MJ Conditionnement, installée à Hartennes-et-Taux ?

Habituellement, nous formulons et nous conditionnons des aérosols à la marque de nos clients, des industriels ou des groupes de la grande distribution. Nous faisons des produits ménagers (cire meuble, dépoussiérant…), des produits techniques (graisse, dégrippants) et des produits pour les chaussures.

Qu’est ce qui vous a poussé à lancer la production d’un nouveau produit le gel hydroalcoolique ?

Je suis président de la Chambre du commerce et de l’industrie. Je regardais les prix démentiels pratiqués pour le gel hydroalcoolique alors que c’est un produit pas compliqué à fabriquer. Ça a atteint 200 euros les 5 litres. Je me suis dit : « Il faut absolument dépanner les hôpitaux et on peut le faire à un prix plus que raisonnable. » Nous allons le vendre à 19,80 euros le bidon de 5 litres. C’est pratiquement mon prix de revient. Avec, on paie le produit et les salaires de mes employés.

Pourquoi a-t-il été si facile pour vous de fabriquer ce gel ?

Le gel est un mélange de composants, de l’alcool notamment, que l’on utilise déjà pour d’autres productions. On avait tout ce qu’il nous fallait. On a regardé la formule, les textes qui fixent les normes. Comme nous sommes un site classé, nous avons demandé une dérogation à la Dreal (Direction régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Logement). Ils ont répondu rapidement pour nous donner l’autorisation de fabrication et on a démarré ce matin (mardi 24 mars NDLR).

Ne manquez-vous pas de matière première ?

C’est vrai qu’on est limité dans nos capacités de production. On avait quatre tonnes de produit actif (d’alcool), j’ai deux tonnes supplémentaires qui doivent arriver. Nos fournisseurs nous ont bien aidés en nous livrant en priorité. Nous avons même diminué d’autres productions pour passer le gel hydroalcoolique en priorité. Cela me semble logique.

À qui livrerez-vous votre production et comment ?

On va livrer en priorité les centres hospitaliers de Soissons et de Saint-Quentin. Ils cherchaient du produit et on m’a mis en contact avec eux. Le centre hospitalier de Soissons va ensuite « arroser » les Ehpad. Je mets le gel à disposition sur mon site de Hartennes-et-Taux et ils viennent le chercher. Les pompes funèbres aussi en manquent. Un ami qui dirige une blanchisserie va m’en prendre pour en donner aux infirmières libérales.

Les mesures de confinement n’ont pas perturbé votre activité ?

Nous sommes 11 dans l’entreprise. Les trois personnes des bureaux font du télétravail. Moi aussi, en alternance avec le directeur d’usine. Dans ces temps troublés, notre avantage c’est qu’on est une PME assez réactive. On est assez robotisés. On a une équipe formidable qui vient travailler de bonne grâce. Je suis très fier de mes salariés. Ils sont admirables.

Quelles précautions avez-vous pris pour les protéger ?

Ils travaillent déjà dans un milieu où la sécurité est primordiale. Ils ont des gants. Les masques ne sont pas obligatoires car ils sont éloignés les uns des autres. La personne à la réception des camions a un masque. Les chauffeurs ne rentrent pas. Tout le monde a pour consigne de se laver les mains toutes les heures.

Propos recueillis par

 RÉMI HAVYARIMANA